Aït-Menguellet : du dépit amoureux à la vision politique

 

Tenu pour l’un des plus grands poètes chantant du Maghreb, idole de toute la Kabylie et devenu un symbole vivant, de sa naissance à Ighil Bwammas en Kabylie, Aït-Menguellet a conservé une poésie façonnée par la rudesse des montagnes. Tout petit, il écoutait Slimane Azem (interdit d’antenne en Algérie mais diffusé sur la tranche horaire en kabyle de Radio-Paris), Cheikh El Hasnaoui et Taleb Rabah.

Aït-Menguellet apparaît pour la première fois sur la scène public en 1967 dans une émission pour jeunes talents sur la chaîne II, la radio kabylophone de la RTA (radio télévision algérienne),. Ses premiers soupirs poétiques, il les puise dans sa montagne, où les immigrés en vacances au bled racontent, où les amoureux se taisent, gardiens des traditions ancestrales d’une Kabylie qui ne déroge pas au mariage forcé. Ce que va dénoncer Lounis dans ses premières chansons tout en mettant son cœur à nu (« Ikhaq Ul ») dans des textes-déclarations d’amour incendiaires, avec les mots justes pour dire une sensibilité à fleur de peau, narrer par le menu une histoire qui finit mal ou célébrer, au contraire, des retrouvailles avec une bien-aimée longtemps perdue de vue. Il traduisait déjà un malaise profond d’une société tiraillée entre tradition et modernité, dont on suit les évolutions dans l’album « Thalt Ayam » (Trois jours).

Avec « A aâthar » (Le mendiant), où il exprime le rêve, censé se matérialiser, d’un arbre renouant avec ses racines, il aborde une nouvelle phase intégrant les questions sociales et politiques sans pour autant abandonner ses cris d’amour, cette fois sous le regard d’un adulte qui s’assume. « Amjahed » (Le combattant) indique clairement que Lounis a définitivement opté pour une démarche à caractère politique, sans rien céder d’un style où la métaphore est reine et la poésie plus que jamais à l’honneur. Mais il bouscule intelligemment l’ordre établi, les idées reçues et les convictions patriotiques de pacotille en déplorant la perte inutile de combattants qui ont donné leur sang pour une Algérie phagocytée par des tyrans : « Toute la chanson est provocation et dérision quant au vécu de cette veuve et au devenir de l’idéal qui a conduit son époux au sacrifice de sa vie », explique-t-il dans un entretien. Du reste, le titre « Amjahed » avait été censuré par la radio kabylophone d’Alger, contrôlée par le pouvoir. Cela n’a pas empêché Lounis Aït-Menguellet de maintenir ce cap de visionnaire politique au fil de tous ses albums suivants et s’il défend la culture « Amazigh » (Berbère) il ne se prétend pas pour autant militant mais se définit avant tout comme un artisan mélodiste et un « poète » qui utilise la musique pour mieux faire passer ses visions et ses pensées.

Simple, au services de causes humanitaires, Aït Menguellet connaît depuis un demi-siècle le même succès phénoménal.

 

R.M.

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